"La première fois que j’ai entendu parler de Thomassin, c’était par une directrice de casting avec qui il avait travaillé à ses débuts d’acteur. Elle m’avait montré quelques-unes des lettres qu’il lui avait envoyées de prison. Quand il a été libéré, je suis allée le voir chez lui à Rochefort, à Foix chez son frère, sur le bassin d’Arcachon chez sa grand-mère. Routard immobile, Thomassin n’aime pas bouger hors de ses bases. Il faut se déplacer. Je voulais en savoir plus sur lui, je le lui avais dit, en précisant que je n’écrivais pas sa biographie, mais un livre sur l’assassinat d’une femme dans un village de montagne, affaire dans laquelle il était impliqué. Mon travail consistait à le rencontrer, lui comme tous ceux qui accepteraient de me voir. Ses réponses à mes questions se perdaient dans le vide. Il répétait : « On en parlera quand tout sera fini… »
À la direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre, un gradé m’écoute raconter. « On fera le procès-verbal ensuite. » Après des années de reportage sur ce crime, j’ai été convoquée. Je n’ose pas ajouter « à mon tour », mais c’est pourtant mon impression. Le dossier, que la justice croyait bientôt bouclé, vient de basculer sur un mystère." L'inconnu de la poste, Florence Aubenas, L'Olivier.