"Étonnamment, Justine ne fit aucune remarque concernant mes pantoufles. Elle se contenta de les regarder, avec, chaque fois, un air désolé. Elle estimait certainement que j'étais au fond du gouffre et devait se dire que ça allait de pair, cette paire, avec mon état mental du moment."
Un homme sort de chez lui en pantoufles en oubliant les clés à l'intérieur de son appartement. Contraint d'affronter une journée sans chaussures, il s'engage dans cette aventure à pas feutrés. Mais face à ses collègues de travail, à sa famille et même aux forces de l'ordre, chaussé de ses confortables charentaises, il provoque de surprenantes réactions d'hostilité ou d'engouement.
Et le voilà lancé dans un combat contre la tyrannie du conformisme. Dans un monde trop pressé, il impose doucement sa si tranquille façon de marcher.
Sur les berges du canal de Briare, on croise toutes sortes de gens, qui marchent, courent ou le contemplent, immobiles. Tous partagent le même besoin de s'y confier, mais chacun a ses propres raisons de s'approcher si près de l'eau. Et les écluses de s'ouvrir sur des flots d'amertume et de joie, d'espoir et de résignation...
Luc-Michel Fouassier vit en région parisienne. Petites foulées au bord d'un canal est le quatrième recueil qu'il publie chez Quadrature et le deuxième dans la collection Miniatures (après Histoires Jivaro). Il est également l'auteur de plusieurs romans.
Écrire la quintessence de la nouvelle, celle dont parlait Hemingway et qui tiendrait sur le dos d'une boîte d'allumettes. C'est à cet exercice que s'est livré l'auteur de ce recueil en capturant ces histoires et en les limitant à cent mots, à la manière des indiens Jivaro piégeant les esprits dans des têtes réduites.
Qu'il s'agisse de participer à une course d'endurance, de mettre le point final à un roman, de retrouver les héros de son enfance, de parvenir au terme d'un repas affligeant, de refaire le voyage de noces de ses parents, de séduire Isabelle Adjani ou d'accompagner son meilleur ami au cimetière, la tâche s'avère à chaque fois difficile. Pourtant, les personnages de ces sept nouvelles sont décidés. Ils iront jusqu'au bout.
Pourquoi se battre ? Surtout lorsqu'on porte des lunettes. C'est à coup sûr dépenser beaucoup d'énergie,se rendre ridicule et surtout prendre le risque de casser ses verres. Alors à quoi bon ?
Voilà qui vous modifie un caractère. Les personnages des seize nouvelles qui composent ce recueil ont décidé d'éviter les joutes frontales. Pourtant, ils n'en demeurent pas moins résolus à se faire entendre...