« Mon but n'est pas de "sauver la forêt", "venger les animaux" ou "continuer avec ce travail tant que le cours du bitcoin ne sera pas remonté". J'ai compris qu'en réalité ce qui me motive est mon désir de casser les projets des truands, de ces alphas ayant perdu toute raison parce qu'ils se croient tout permis, parce qu'ils croient dur comme fer en leur impunité. Pourrir la vie à ceux qui, autour d'eux, ne voient pas la forêt, mais une simple ressource ; pas des animaux, mais des cibles ; pas des amis, mais des larbins. »
Markiyan Kamysh, qui se bat aujourd'hui pour libérer son pays, nous livre avec Le Maître une odyssée ukrainienne : celle de Vadim, jeune hipster paumé, engagé presque malgré lui au coeur des forêts de Polésie, menacées de destruction par les mafieux. Ce roman de combat poétique et prophétique résonne comme un appel humaniste à la résistance et à la lutte contre la violence et la cupidité.
"La Zone est mon lieu de détente. Elle remplace la mer, les Carpates, les terrils, la Turquie enduite de mojito frais et parsemée de putes bronzées. Une vingtaine de fois par an, j'y pars en visiteur clandestin. Je suis un stalker, un piéton, un passant, un idiot, appelez-moi comme vous voulez. On ne me remarque pas, mais je suis là. J'existe, un peu comme le rayonnement ionisant. Je prépare mon sac à dos, je passe sous les barbelés puis je disparais dans la profondeur noire des forêts de Polésie, dans les trouées et les odeurs de pin. Je me fonds dans ces épaisseurs étourdissantes et personne jamais ne pourra m'y débusquer."
Markiyan Kamysh est un jeune Ukrainien, aventurier et journaliste. Né en 1988 deux ans après la catastrophe, il appartient à la "génération Tchernobyl". Pour lui comme pour ses camarades d'errance, la Zone - cette Zone d'exclusion nucléaire où toute présence humaine est interdite sur un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale - est devenue "une terre de paix, figée et hors du temps". Depuis 2010, Markiyan Kamysh a passé plus de deux cents jours à explorer la Zone, "à renifler et toucher chaque débris de cette poubelle, chaque fragment du passé". Il connaît les lieux comme sa poche et nous embarque à la découverte de "l'endroit le plus exotique du monde".