Première neige sur le mont Fuji rassemble six nouvelles inédites du Prix Nobel de littérature, Yasunari Kawabata. On y retrouve l'inspiration poétique et sensuelle qui caractérise les chefs-d'oeuvre de l'auteur des Belles endormies.Qu'il évoque un couple séparé par la guerre, réuni des années plus tard au pied du mont Fuji, l'amitié entre deux écrivains dont l'un est condamné au silence, ou la mélancolie d'une fin d'automne à Tokyo, c'est par touches subtiles et avec un art consommé de l'image que Kawabata esquisse, tel un peintre, portraits et sentiments, rêves et rêveries.Écrites entre 1952 et 1960, réunies et traduites par Cécile Sakai, spécialiste de l'oeuvre de Kawabata, ces nouvelles expriment, chacune dans sa singularité, la palette littéraire d'un des plus grands écrivains du XXe siècle.
Roman publié en 1986, Nuées d'oiseaux blancs raconte la féminité portée par quatre personnages qui créent une nébuleuse autour du jeune Kikuji. Empreint d'esthétisme et de sensualité, ce livre dévoile les richesses et les passions de femmes d'âge et d'ambitions différents.Yasunari Kawabata, premier écrivain japonais à recevoir le prix Nobel de littérature en 1968. © Plon (P)
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature. C'est d'une rupture de fiançailles et d'une rencontre avec une troupe de théâtre itinérant dans la péninsule d'Izu que le futur auteur des "Belles Endormies" et de "Pays de neige" s'est inpiré pour son premier chef-d'oeuvre, "La Danseuse d'Izu". La nouvelle - qui donne son titre à ce recueil de cinq textes exprimant tous dans leur subtil dépouillement stylistique l'amour, la mort, la solitude, la beauté et le silence - relate l'histoire d'un jeune orphelin parvenant à découvrir le sens de la vie et la valeur d'une bonté sans limites, trouvant ainsi une certaine communion de sentiments avec les autres. Délicat, raffiné, contemplatif, tout en touches impressionnistes, ce récit de pure mélancolie fournira en quelque sorte la base de la vaste production littéraire de Kawabata, qui, tout en étant destinée par sa nature aux happy few et aux amateurs de haute culture japonaise, a aussi le bonheur d'être appréciée par des millions de lecteurs dans le monde entier.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Yasunari Kawabata. Gimpei, le personnage central du "Lac", s'attache aux pas des jeunes filles dans la rue. Rien ne peut l'empêcher de les suivre. Elles sont belles, radieuses, pures, encore enfantines. Il est envoûté par leur séduction. Il marche derrière des silhouettes d'une exquise fraîcheur, il détaille une nuque sans défaut, des épaules fragiles... Il ferait n'importe quoi plutôt que de les perdre. Oui, parfois, il se dit qu'il préférerait les tuer, ou mourir lui-même. Pour Gimpei, la beauté est indispensable. Comme une nécessité, il la poursuit. Il sait au fond qu'elle est inaccessible, mais il essaie de la gagner, du moins de la surprendre. Ainsi éprouve-t-il de rares et fugitifs moments de grâce, l'illusion d'un bonheur. Lorsqu'il croise une jeune fille, il aimerait pouvoir "nager dans la limpidité de ces yeux" et se "plonger dans ce lac de ténèbres". C'est là le bonheur convoité. Qu'est-ce qui peut faire fuir, ou du moins faire oublier, la mort, sinon la beauté dans son rapport avec l'éternité ?
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Yasunari Kawabata. Eguchi, 67 ans, découvre la "Maison des Belles Endormies", où de jeunes filles vierges, endormies sous l'effet de narcotiques, livrent la nudité de leur corps à la voluptueuse contemplation d'hommes âgés. Pendant cinq nuits passées dans cette maison close très particulière, le vieil homme se remémore sa vie, méditant sur la vieillesse, l'amour, la solitude et la mort qui vient. "L'affreuse décrépitude des lamentables vieillards qui fréquentaient cette maison menaçait de l'atteindre lui-même dans peu d'années. L'immense étendue des désirs, leur insondable profondeur, jusqu'à quel point les avait-il finalement mesurées au cours des soixante-sept années de son passé ? Et puis, autour des vieillards naissent innombrables les filles jolies, à la peau neuve, à la peau jeune. Les désirs rêvés à perte de vue par de misérables vieillards, les regrets des jours perdus à jamais, ne trouvaient-ils pas leur aboutissement dans les forfaits de cette maison mystérieuse ?" Frémissante de beauté, toute de trouble perversité et de subtilité, expression d'un érotisme d'une gratuité absolue, "Les Belles Endormies" représente l'aboutissement des épreuves que Kawabata s'était imposées à travers sa quête esthétique. Logique avec lui-même, l'auteur va ici délibérément jusqu'au fond de son propre enfer mental avec une maîtrise d'écriture surprenante. Certains ont recherché un lien direct entre cet enfer et son suicide solitaire et lugubre, le 16 avril 1972, dans un petit appartement loué à Zushi, au bord de la mer. Sans doute serait-il plus juste d'écouter les propos tenus par l'écrivain lui-même, lors de l'attribution du prix Nobel de littérature en 1968: "Il est facile d'entrer dans le monde des bouddhas, il est difficile d'entrer dans le monde des démons. Tout artiste aspirant au vrai, au bien et au beau comme objet ultime de sa quête est fatalement hanté par le désir de forcer cet accès difficile du monde des démons, et cette pensée, apparente ou secrète, hésite entre la peur et la prière."