Filtrer
Éditeurs
Accessibilité
Prix
Gallimard
-
"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir.
Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs." -
Préface de Neige Sinno.
Peu après la naissance de sa fille, « le Père » se voit rattrapé par des souvenirs d'attouchements subis dans l'enfance. Pour conjurer sa peur de la répétition, il ambitionne de cartographier le "Grand Continent des Violences Sexuelles". Cette traversée périlleuse, entre farce et cauchemar, durera six ans.
Dans un Danemark imaginaire, Constantin Alexandrakis sonde d'une façon iconoclaste un ressenti masculin face aux "abus de position dominante", sans se laisser réduire à un point de vue victimaire.
"Avoir le courage d'aller dans ce sens-là, du côté où il n'y a pas d'éclairage, du côté où on n'a pas trop envie de vous accompagner, qui peut l'avoir ? Qui peut l'avoir sinon les inconscients, les fous, les poètes, les braves. Puisqu'il s'agit de cela, braver, affronter les démons. Ceux du dehors et ceux du dedans." Neige Sinno -
Zoé est une enfant poursuivie par un oncle insistant. Elle cherche à fuir. Elle sait qu'il faut ruser, dévier, qu'elle ne peut avancer en droite ligne. Personne ne marche droit. Sauf peut-être les funambules qui n'ont d'autre choix que de vaincre leur vertige en visant la mire de leur câble. Entre le récit de Zoé et les paroles de funambules sur leur métier, un lien se tisse que l'autrice emprunte à son tour, parce qu'en écrivant, elle avance elle aussi sur un fil, prête à basculer dans le vide.
Ce texte hybride, tantôt récit, tantôt essai, parfois making-of, devra, malgré ou grâce à ses mille dérives, aller au bout du chemin et toucher sa cible, racontant par quels moyens Zoé réussit à se libérer de l'emprise. -
"J'ai voulu raconter l'amour tel qu'il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l'un de l'autre. C'est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n'est pas sûr."
F. B. -
À bout portant : Versailles 1972
Philippe Artières
- Gallimard
- Verticales
- 3 Octobre 2024
- 9782073068460
"Un ouvrier algérien, M. Mohamed Diab, 40 ans, a été tué d'une rafale de pistolet-mitrailleur le 29 novembre 1972, au cours d'une bagarre avec des gardiens de la paix, dans le commissariat de la caserne de Noailles, à Versailles (Yvelines)."
Agence de presse Libération
Bulletin n°61 - décembre 1972
Fin novembre 1972, nous habitons en famille à Versailles ; j'ai quatre ans et demi. Jusqu'à l'automne 2022, je n'avais jamais entendu parler de cette affaire. Interroger ce silence, c'est mettre à jour "mon racisme" et son histoire. -
C'était un poisson volant, une sirène et un hippopotame. Il avait vécu dans un foyer de jeunes travailleurs. Son enfance était une plaie ouverte. Autodidacte et lecteur frénétique, il était entré en littérature comme en religion. Son premier livre, La Vision dans l'île, donnait la sensation physique qu'un animal vous sautait au visage. Il écrivait sur des feuilles volantes qu'il collait sur les murs. Il ne buvait pas en gourmand, mais en barbare. Il avait un tempérament de prêcheur. Il avait séjourné dans un hôpital psychiatrique. Il se préparait à être mort très longtemps.
Qui était Julien Mana, assassiné d'un coup de couteau au matin du 10 avril 2022 ? Sept hommes et femmes, qui l'ont côtoyé à divers moments de sa vie, prennent la parole. -
Tout ce qui nous était à venir
Jane Sautière
- Gallimard
- Minimales/Verticales
- 4 Avril 2024
- 9782073054951
"Il m'a semblé que vieillir n'était ni un naufrage, ni une performance à accomplir, mais le simple, délicat et doux refuge qu'il nous fallait construire. Une cathédrale de brindilles, ouvrage commun d'un "nous" qui nous tienne ensemble, parfaitement inclusif, hommes et femmes, attaché·e·s à cette oeuvre ultime. Ici, pas de bilan, rien d'une vie n'est compté, pas même le temps, et la mélancolie elle-même finit par être suave."
J. S. -
"Le visage de Jérémie était si insaisissable qu'on l'aurait dit en permanence nimbé d'une brume ou d'un brouillard : je tentais parfois de photographier cet homme sur le vif, mû par une forme d'urgence à garder des traces, des preuves. Le résultat était toujours décevant, quand il n'était pas un échec en bonne et due forme - le visage n'était pas complètement flou, mais quelque chose de sa physionomie échappait, il y avait sur ses joues, ses lèvres (sans parler des yeux), comme un tremblement léger qui empêchait qu'on reconnaisse tout à fait Jérémie, et quand je croyais le prendre en photo, je ne prenais en réalité que le tremblé de son absence. "
En se remémorant les moments vécus avec un ancien amant, le narrateur tente de percer le mystère de Jérémie. Qui était cet homme qu'il ne connaissait pas vraiment, et qu'il a aimé, peut-être ? -
"Lors de mon transbahutement en Italie, j'ai emporté : soeurs, amis, amant imaginaire, père, mère, et leur cancer dormant, la menace de la mort à tout moment, des cartons de livres, des cahiers vierges, des classeurs bourrés, des traces de vie passée, des notes manuscrites jamais relues, des tas de papiers que je voulais détruire, des boîtes remplies d'images découpées, des tapuscrits dont je ne retiendrais que quelques bribes, avant de tout réduire en confettis et de les voir se disperser sous mes yeux."
Avec Torno subito ("je reviens tout de suite"), François Durif télescope souvenirs d'enfance, perte soudaine de ses parents et enquête sur l'histoire du confetti. Au fil des mois, il s'allège de ses archives, selon un geste joueur : trouer du papier à l'emporte-pièce, tel un Sisyphe heureux. -
"Et son chewing-gum avait un goût de fantôme."
Avec Cold case, Alexandre Labruffe nage dans les eaux troubles de la généalogie de sa compagne sud-coréenne, Minkyung, dont l'oncle est mort, selon la légende, congelé à Toronto, une nuit d'hiver des années 70, en s'échappant d'un hôpital psychiatrique.
Dans quelles circonstances exactes l'oncle est-il décédé ? Que fuyait-il au Canada en compagnie de ses frères ? En quoi cet exil résonne-t-il avec la tragique histoire de la Corée ?
Se muant en détective foutraque, à Séoul, en Mandchourie et au Canada, le narrateur, accompagné de Minkyung, qui prendra le relais de l'enquête, traque ce spectre glacé par tous les moyens, drôles ou désespérés, et même surnaturels. -
"Tu te trompes souvent. Tu remplaces très par grave dans une phrase au registre soutenu et tu dis bien à toi à tes voisins de palier. À la place de récépissé tu comprends laissez-pisser, et tu confonds radié et irradié ainsi que sentier et sentinelle. Tu es littérale et hésitante, alors que dans ton pays tes blagues avaient de l'allure. Parfois tu fais exprès, c'est la seule manière que tu as trouvée d'être drôle. Quand tes erreurs sont volontaires, ça te donne un sentiment d'égalité, vous pouvez, ensemble et au même titre, vous foutre de ta gueule bien à toi."
Les destins parallèles d'une étudiante et d'une prostituée bulgares, débarquées à Lyon en 2001. Entre tribulations burlesques et peinture sociale mordante, un roman d'exilées à la conquête de leur liberté. -
"Ce texte, tu l'as écrit pour raconter en minuscule, au plus près de ce que tu as vécu et compris, le processus d'émancipation des femmes sur trois générations, dans une famille française ordinaire, et pour évoquer toujours en minuscule le lien complexe entre les filles et leur mère, un lien qui te semble aussi solide, clair et doux que liquide, sombre et violent et où la grand-mère, qui est aussi la mère de la mère, desserre parfois les noeuds, adoucissant le vertige du face-à-face."
-
À ce stade de la nuit
Maylis de Kerangal
- Gallimard
- Minimales/Verticales
- 15 Octobre 2015
- 9782072638114
Lampedusa. Une nuit d'octobre 2013, une femme entend à la radio ce nom aux résonances multiples. Il fait rejaillir en elle la figure de Burt Lancaster - héros du Guépard de Visconti et du Swimmer de Frank Perry - puis, comme par ressac, la fin de règne de l'aristocratie sicilienne en écho à ce drame méditerranéen : le naufrage d'un bateau de migrants.
Écrit à la première personne, cet intense récit sonde un nom propre et ravive, dans son sillage, un imaginaire traversé de films aimés, de paysages familiers, de lectures nomades, d'écrits antérieurs. Lampedusa, île de littérature et de cinéma devenue l'épicentre d'une tragédie humaine. De l'inhospitalité européenne aussi.
Entre méditation nocturne et art poétique, À ce stade de la nuit est un jalon majeur dans le parcours littéraire de Maylis de Kerangal. -
"Je suis venue jusqu'ici, j'ai fait le voyage pour ça : être une fois petite fille, voir l'enfance depuis son sein. Je veux être celle qui n'a pas encore découvert les ténèbres du passé ni éprouvé les souffrances du futur, je veux accéder à la vie nue."
Helena Cervak, longtemps ballottée entre foyers et familles d'accueil, quitte précipitamment la France. Elle traverse l'Italie d'une traite pour rejoindre la Slovénie, son "pays d'origine du nom". Une cavale solitaire parsemée d'aventures déroutantes. Qu'espère-t-elle trouver en ces terres inconnues ? Des racines improbables ou le refuge d'une "existence sans précédent" ? Conçu comme un road trip ponctué de flash-back, ce roman fantasque et poignant réinvente l'enfance d'une inimitable manière. -
"J'ai décidé maintenant de partager ma vie en deux, une vie pour moi ici avec les enfants, dans la paix, la nature, l'éloignement des villes. Et une autre partie secrète, plus dure, plus amère et mystérieuse, où je vis masquée et fardée parcourant les nuits comme une petite comète venue d'ailleurs."
Avec ce recueil posthume des écrits de Grisélidis Réal, chacun fera la part des origines cachées et des recoins obscurs d'une aventure humaine riche en événements dramatiques et contradictions intimes. On y verra une mère aussi aimante que fuyante, un être d'appétit charnel quoique de santé précaire, une artiste contrariée mais toujours en devenir, une amoureuse souvent déçue jamais rassasiée, une intraitable pessimiste prête au combat, une putain iconoclaste au plus près de son miroir brisé. -
'Ceux-là viennent de Moscou et ne savent pas où ils vont. Ils sont nombreux, plus d'une centaine, des gars jeunes, blancs, pâles même, hâves et tondus, les bras veineux le regard qui piétine, le torse encagé dans un marcel kaki, allongés sur les couchettes, laissant pendre leur ennui résigné dans le vide, plus de quarante heures qu'ils sont là, à touche-touche, coincés dans la latence du train, les conscrits.'
Pendant quelques jours, le jeune appelé Aliocha et Hélène, une Française montée en gare de Krasnoïarsk, vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d'un bout à l'autre du Transsibérien. Les voilà condamnés à fuir vers l'est, chacun selon sa logique propre et incommunicable. -
écrits fantômes : lettres de suicides (1700-1948)
Vincent Platini
- Gallimard
- Verticales
- 12 Octobre 2023
- 9782073036032
Après plus de quatre ans de recherche dans divers fonds d'archives en France, Vincent Platini a sélectionné 220 lettres de suicides composées par 171 personnes ayant mis fin à leurs jours, ou tenté de le faire, entre 1700 et 1948. Avec cet ouvrage pionnier, il s'agit de montrer comment des inconnu·es ont pris la plume pour intégrer un ultime message à la mise en scène de leur suicide et donner une esthétique à leurs derniers instants.
Selon dix cercles thématiques, le recueil présente les circonstances de ces actes et les données historiques qui s'y rapportent. Il donne aussi à voir la matière des lettres, leur corps, leurs accents. Ces papiers raturés ne sont ni de belles missives ni le témoignage de vies héroïques. Ils témoignent de morts minuscules. Rien d'indécent, ni de sordide. Des écrits fragiles, fantômes, chargés de puissance. -
Tokyo, 1995. Des attentats au gaz sarin. Vingt-cinq ans plus tard, une enquête. Des témoins. Des scolopendres. Des veuves noires. Des oublis. Des murmures. Des non-dits. La narratrice peine à déchiffrer les signes équivoques qui lui parviennent. De rencontre en rencontre, elle se laisse traverser par ce que le pays cache et révèle.
Un apprentissage de l'abandon et du lâcher-prise. -
« Fraternité, expertise, pertinence politique... Voilà ce qui se dégage des combats sociaux lorsqu'ils sont vécus de l'intérieur, et non via ces caméras de télévision indifférentes à la joie des ouvriers se découvrant une voix qui porte. Peut-être ces salariés de La Souterraine m'ont-ils séduit, aussi, car je les ai vus lucides mais courageux, et plein d'allant malgré l'épée de Damoclès qu'ils savaient pendue au-dessus de leur tête. (...) Leur intelligence m'a aimanté. »
En 2017, Arno Bertina rencontre des salariés en lutte sur le site de l'usine GM&S (équipementier automobile). Au lieu d'y voir un pur écho à son roman Des châteaux qui brûlent, il va recueillir leurs témoignages quatre années durant, et ainsi rendre hommage à la fierté ouvrière, à leur résistance inventive et obstinée. Ceux qui trop supportent est un récit documentaire nerveux, haletant et d'une humanité poignante. -
"De petits débris flottent et se déplacent dans le vitré projetant parfois des formes sur la rétine. Ce que l'oeil perçoit est l'ombre de ces corps flottants. Comme dans un cosmos, certains se satellisent et s'agrègent. J'ai vécu mon adolescence à Phnom Penh de 1967 à 1970. J'en ai si peu de souvenirs que j'ai laissé toute la place à ces traces, des ombres projetées. En résille, des silhouettes apparaissent, font signe, celles des parents, de mes camarades de lycée, d'un grand amour. Celles aussi auxquelles la violence de l'Histoire nous attache.
Ici, à Paris, le temps est blême, c'est l'hiver, il est 17 heures, il fait huit degrés. Là-bas, à Phnom Penh, la nuit est totale, il est 23 heures et il fait vingt-six degrés. J'ai voulu écrire dans les deux fuseaux horaires, dans les deux latitudes. Écrire au crépuscule qui est avant tout la survivance de la lumière après le coucher du soleil."
J. S. -
Ça s'ouvre sur un cadavre, livré par le narrateur à la "trop douce" Juliette. Elle qui d'habitude explique et guérit tout ne comprend pas. Comment l'étudiant bien éduqué qu'elle a aimé dix ans plus tôt en est arrivé là ?
Il va raconter. Il y passera la nuit s'il le faut. Il parlera cru.
Le prof de fac jadis humaniste va décrire un enchaînement nécessaire de faits arbitraires survenus à l'université de M., où victimes et bourreaux permutent, où le vengeur tombe dans la trappe qu'il a creusée. Où l'arroseur finit comme on sait.
Il voulait jouer avec le pire de l'époque, avec la dinguerie survoltée des réseaux sociaux, avec la concupiscence vernie de morale. Il était autant le jouet que le joueur, autant la plaie que le couteau.
Et maintenant il en rit. -
"Qui n'aimerait pas être une étoile filante ? Même si cela veut dire être consommé par la chaleur et tomber en débris à la fin. Sommes-nous des objets qui parcourent les vies des autres, des corps lumineux de passage ? On trace, on éclaire, on s'évanouit quelque part."
Après le message de rupture de son mari, la narratrice fait du déséquilibre un nouveau point de vue. Exploratrice en suspension, elle enregistre sur son téléphone ses états pour réaménager son passé, dessine les itinéraires hors sol des membres de sa famille pour comprendre le sien, cite ses amis dispersés, des philosophes perdus et s'imagine en objet interstellaire. -
"Je regarde ce clochard étalé au centre de la pièce. Son sommeil lui donne un air de bâton. J'ai l'impression qu'il se changerait en poussière si je le fixais trop longtemps. Le soleil et la terreur ont dû le momifier. Tout son être pue à des kilomètres à la ronde ou peut-être est-ce l'odeur même des kilomètres quand on les prend de face. L'odeur de la fuite, l'odeur de l'épuisement. Le peu qu'il m'a raconté de son histoire ressemble à un jeu de cache-cache avec le vent."
C'est à travers son journal intime que nous découvrons Melitza, une jeune Mexicaine de vingt-trois ans. Trois carnets posthumes datant de 2006 - retrouvés et commentés par son père - retracent sa cavale avec Evo, un "bel indigent" au charme énigmatique. Ensemble, ils partageront tout : expérience hallucinogène, barbarie policière, amour fou et insurrection populaire. Dans ce premier roman, qui doit autant au goût de l'aventure qu'à une écriture aux images décalées, chaque événement, du plus sensuel au plus tragique, possède son pas de danse.
Prix Victor Rossel 2016 -
Un long silence interrompu par le cri d'un griffon
Pierre Senges
- Gallimard
- Verticales
- 2 Février 2023
- 9782072988868
Eschyle, Cary Grant, le golem, les huîtres, un vizir des Mille et Une Nuits et Sergueï Eisenstein ont au moins un point commun : le silence. Plus précisément, ce point commun s'appelle Pavel Pletika, né en 1881 dans la Russie d'Alexandre III et mort quatre-vingts ans plus tard dans l'URSS de Nikita Khrouchtchev. Au terme des années vingt, connu pour ses conférences trop bavardes et décousues, il s'isole pour se consacrer à l'écriture d'une vaste Encyclopédie du silence. Il lui faut une trentaine d'années pour en venir à bout, après quoi Pletika prend soin de la dissimuler. Son goût pour l'effacement s'ajoutant à son amour du jeu, il laisse derrière lui une oeuvre à décrypter. Pierre Senges a reproduit de larges extraits de cet abécédaire récemment mis au jour. Le lecteur y trouvera de quoi combler les silences de ce destin parsemé d'énigmes.