Dans une relecture de la parabole du fils prodigue, Marion Muller-Colard explore, plus que son retour, le départ du fils cadet. Non seulement son départ, mais encore la nécessité de cette rupture qui le met au monde plus radicalement qu'une naissance. De la confrontation entre le texte biblique et une analyse subversive de l'âge qualifié d'ingrat jaillissent des voies inédites de souveraineté. Un éloge de toutes nos adolescences, car il n'y a pas d'âge pour « ratifier sa naissance ».
« Cette existence qui a commencé par une vie reçue, qui se finira par une vie reprise, doit bien, un jour ou l'autre, être conquise. Ils fomentent une façon d'être autre chose qu'un débit. Ils fomentent un début. »
En plus des quatre évangiles bibliques, il existe de nombreux textes sur Jésus écrits au début du christianisme qui n'ont pas trouvé leur place dans la Bible. En particulier les évangiles de l'enfance, qui ont marqué durablement la piété chrétienne - liturgie, traditions festives, représentations picturales. D'autres textes, comme l'évangile selon Thomas, n'ont été redécouverts qu'au xxe siècle.
Dans cette introduction remarquable, Jens Schrter décrit les écrits apocryphes les plus importants sur Jésus, démêle leur chronologie parfois touffue, éclaire leur relation avec les évangiles canoniques et explique leur signification importante pour l'histoire du christianisme.
En plus des quatre évangiles bibliques, il existe de nombreux textes sur Jésus écrits au début du christianisme qui n'ont pas trouvé leur place dans la Bible. En particulier les Évangiles de l'enfance, qui ont marqué durablement la piété chrétienne liturgie, traditions festives, représentations picturales. D'autres textes, comme l'Évangile de Thomas, n'ont été redécouverts qu'au XXe siècle. Jens Schrter décrit les écrits apocryphes les plus importants sur Jésus, éclaire leur relation avec les évangiles canoniques et explique leur signification pour l'histoire du christianisme.
Retirée loin du tumulte du monde, Marie Tresca a ressenti le besoin d'écrire. Des textes brefs, très profonds, qui engagent le corps et l'âme. Un véritable chant mystique contemporain par une auteure entièrement habitée par son amour pour Dieu. «Fruit d'un chemin intérieur, c'est dans le silence et la solitude d'un ermitage que ces mots m'ont fait la grâce de venir au jour. Me dévoilant, comme une échographie, ce que je vivais au profond de moi - là où nul mot, nulle image n'existe plus. Là où l'on pourrait facilement conclure qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a plus rien. Là où seul demeure le silence.»
Alors que les technologies numériques et les médias sociaux ont transformé nos imaginaires, comment naviguer entre iconoclasme et idolâtrie? En 2015, une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux suscitait l'indignation de la communauté internationale: on y voyait des hommes en train de saccager le musée de Mossoul. L'État islamique affichait aux yeux du monde sa détermination à lutter contre l'idolâtrie. Trois millénaires plus tôt, un roi assyrien faisait lui aussi représenter des soldats en train de briser une statue. Que cache cet étrange parallèle? Pourquoi produire de nouvelles images, qui mettent en scène la destruction des anciennes?
Ce livre interroge la fonction politique des images autant que les politiques de l'iconoclasme. Du Proche-Orient ancien à l'Empire britannique et ses musées, de l'Irak de Saddam Hussein aux utopies cinématographiques de l'État islamique en passant par l'iconoclasme algorithmique imposé par les géants du Web, Aaron Tugendhaft montre qu'aucune image n'est neutre, que toute image peut devenir une idole. Peut-on se passer d'images? Le rêve d'Abraham d'un monde sans idoles n'a-t-il pas quelque chose à nous dire sur le rôle des images dans la fabrique même de nos communautés politiques?
La Bible réunit des écrits très différents, datant de plusieurs millénaires, et pourtant elle se présente sous la forme d'un seul et même livre. Comment cette oeuvre extraordinaire a-t-elle vu le jour?
Pas à pas, deux éminents chercheurs en sciences bibliques, Konrad Schmid et Jens Schrter, décryptent comment des récits anciens, des chants, des proverbes de sagesse et des lois, mais aussi des lettres adressées aux premières communautés chrétiennes et des récits sur Jésus ont, dans un long processus, donné naissance aux saintes Écritures des juifs et des chrétiens, qui sont lues dans le monde entier.
Un livre qui fait le point sur les dernières recherches et propose une formidable vue d'ensemble afin de mieux comprendre comment la formation de la Bible a eu lieu.
Fils de pasteur, et de santé fragile, dans un village des années 1950, l'auteur fait du monde et de ses rudesses, mais aussi de la religion et de ses exigences, une expérience anxieuse. Dieu, appelé au chevet de l'enfant malade qu'il était alors, ne s'y est pas rendu. Soixante ans plus tard, son épouse sera victime d'une maladie mortelle, et Dieu n'aura pas cillé davantage. Cependant, cette épouse était croyante. Mais sa foi fut heureuse. Elle ne voyait pas la douleur partout, et n'en faisait pas un argument. L'amour ne lui était pas blessure. Pour elle, Dieu n'était pas absent: il suffisait d'aimer la vie.
Revenant sur certains événements marquants de son existence, abordant avec simplicité de grandes questions comme celle du Mal, de la mort, de la foi ou de l'amour, Étienne Barilier nous livre ici un texte intime et lumineux, qui bouleverse et nous retient encore bien après sa lecture.
Où se situe ce Royaume de Dieu dont Jésus a tant parlé ? Est-il réservé à la fin des temps, ou au contraire peut-il être saisi, ici et maintenant ? C'est en méditant sur la vie, sur l'amour, sur son travail d'aumônier, sur les textes bibliques que Marie-Laure Choplin explore et révèle, d'une plume pleine de force et de grâce, ces instants où le Royaume prend place en chacun de nous.
Un coeur sans rempart est une invitation poétique à vivre l'expérience quotidienne de la méditation chrétienne. À tous petits pas sont abordées les principales étapes que traverse habituellement celui qui désire donner ainsi corps à sa vie spirituelle. En proposant de courts textes magnifiquement écrits et délaissant volontairement le vocabulaire religieux « traditionnel », Marie-Laure Choplin nous offre un splendide voyage spirituel qui atteint le lecteur au coeur.
La théologie chrétienne use de termes qu'elle reçoit d'un entrelacs de traditions juives, chrétiennes et musulmanes, et d'un dialogue constant avec la philosophie. Le poids de tout ce passé reçu risque de rendre ces mots muets: qu'ont-ils à nous dire aujourd'hui? Ils sont comme de vieux portraits accrochés au mur que plus personne ne regarde mais que tout le monde pense connaître. Et si l'on regardait de plus près, ne nous surprendraient-ils pas? Qu'ont-ils encore à voir avec notre compréhension du monde et nos expériences spirituelles?
Ce lexique a pour ambition de définir certains de ces termes et de les rendre accessibles, mais avec un objectif bien précis. Il ne s'agit pas de définir historiquement les termes de la théologie chrétienne, ni de proposer un outil de travail neutre, mais de montrer comment ils peuvent aujourd'hui résonner au-delà de ce qui semble leur domaine réservé. À travers une trentaine d'entrées, ce lexique propose d'«ouvrir» les termes de la théologie: les ouvrir pour les regarder, tenter d'en percevoir la logique interne ainsi que leur capacité à nous mettre en mouvement. Il en va de la possibilité d'un renouvellement du regard sur la théologie. N'étant pas un domaine clos sur lui-même mais, au contraire, s'étant élaborée de manière interactive, elle est intrinsèquement constituée pour faire aujourd'hui place à des rencontres avec les autres traditions religieuses, ainsi qu'avec les sciences humaines.
Les sacrifices, tels que l'Ancien Testament en parle, ont disparu du culte chrétien et de la culture occidentale moderne. Ils sont devenus des pratiques étranges, cruelles et dépassées. Les textes bibliques qui les évoquent ou les prescrivent ne reçoivent plus guère d'attention. En dehors du langage religieux ou ethnologique, il reste quelques usages dans le langage courant pour évoquer des renoncements divers. Ces divers usages se sont éloignés du sens premier de ces pratiques et faussent notre compréhension de ce dont parle la Bible lorsqu'elle utilise le vocabulaire sacrificiel. Selon l'Ancien Testament, les sacrifices sont une pratique cultuelle essentielle et quotidienne. Les textes qui en parlent sont nombreux et divers.
Cet ouvrage propose un parcours à travers l'Ancien Testament pour montrer les principaux traits des sacrifices et des rites cultuels auxquels ils appartiennent. Il s'adresse aux personnes intéressées par la Bible et disposées à une étude informée par l'exégèse moderne. Il cherche à présenter les résultats de la recherche qui semblent les plus probables et les plus actuels.
Les premiers missionnaires débarqués au Brésil sont confrontés à un curieux paradoxe : alors que les Tupimamba acceptent volontiers la doctrine chrétienne et se convertissent, ils ne renoncent pas pour autant à leurs coutumes féroces, au cycle infernal des guerres intertribales, au cannibalisme et à la polygamie. Cette apparente inconstance, cette oscillation entre respect de la nouvelle religion et oubli de sa doctrine, entraîne finalement les Européens à déclarer que les Tupinamba sont fondamentalement sans religion, incapables de croire sérieusement en une quelconque doctrine. Dans cet essai, le célèbre anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, figure tutélaire des études actuelles en ethnologie amazonienne, revisite les sources du XVIe siècle pour restituer les enjeux de cette « inconstance de l'âme sauvage », en laquelle se disputeraient deux manières fondamentalement différentes de penser le monde et la société. Il nous invite à remettre en cause, dans une perspective à la fois historique et anthropologique, le rapport entre culture et religion.
Quelles ont été les relations entre peuples autochtones d'Afrique du Sud - les Bantous - et les migrants européens en Afrique du Sud ? Que pouvons-nous apprendre de ces relations au travers de l'évolution d'une Église protestante dans un contexte colonial ?
Essentiellement Néerlandais, mais aussi dans une moindre mesure Allemands et Français (auxquels cet ouvrage fait une place de choix), ces Européens ont formé la base des colons boers (Afrikaners) auxquels sont venus se joindre les Britanniques. Les Boers-Afrikaners, fervents calvinistes, ont développé leur civilisation en Afrique du Sud en s'appuyant sur l'un des piliers de l'Afrikanerdom, leur nationalisme identitaire, à savoir l'Église réformée néerlandaise en Afrique du Sud.
Cet ouvrage examine comment des chrétiens ont évolué loin de l'Europe dans un contexte de relations raciales souvent conflictuelles, et de quelle manière certains d'entre eux en sont venus, in fine, à soutenir un système inique comme celui de l'apartheid alors que d'autres s'y sont opposés.
C'est ce combat idéologique fratricide et ses origines dans le contexte plus général de l'histoire de l'Afrique du Sud qui sont au coeur de cet ouvrage.
Depuis les années d'après-guerre, les Églises ont opéré un changement substantiel dans leur rapport au judaïsme et au peuple juif. Toutefois, des réponses juives ne sont advenues que tardivement, le temps de mettre à l'épreuve la crédibilité de cette metanoia. Ce n'est qu'à partir de l'an 2000 avec Dabru Emet que la main tendue des chrétiens commence à être saisie par des groupes de juifs, et que vont être publiés progressivement des textes de réponse à la théologie chrétienne en mutation.
À côté de ces textes se sont multipliés des travaux académiques de personnalités du monde juif. C'est principalement en Israël et aux États-Unis qu'on les trouve. Cet ouvrage a pour objet de faire connaître au monde francophone quelques exemples de réflexions juives sur le christianisme.
Quelle peut être la signification du christianisme pour le judaïsme ? Pourquoi faut-il entrer en dialogue avec les chrétiens et à quel niveau est-on autorisé à le faire ? Quelle place donner au christianisme dans l'alliance ? Quatre exemples nous permettent de rentrer dans le questionnement juif que provoque un christianisme qui s'affranchit de la théologie de la substitution.
Dans ce recueil de courts textes, denses et poétiques, Marie-Laure Choplin égrène des situations quotidiennes, des rencontres anodines, des moments en apparence banals ; elle laisse affleurer ses impressions, ses douleurs, ses doutes, ses révoltes, ses joies aussi. Le lecteur parcourt, comme autant d'étapes sur un seul chemin, ce qui fait une vie et ses petits riens. Mais par-delà ces riens, l'auteure nous plonge en réalité dans ce qui constitue le coeur des évangiles : une attention aiguë portée aux choses et aux êtres, un regard sans cesse renouvelé sur le monde, une capacité à se décaler, se mettre en retrait, s'interroger, bref donner à la vie une autre chance, et surtout : s'adosser au message de ce Jésus, à la fois si frêle et si puissant.
Une lecture qui remet la foi déliée de ses artifices au coeur de nos vies.
Après l'intérêt suscité par Une bible des femmes, on nous a demandé une suite d'échos masculins. Avec B majuscule cette fois-ci ? Oui, car la bible des hommes est déjà écrite : c'est la Bible ! Tous les rédacteurs bibliques (jusqu'à nouvelle preuve) furent des hommes. Faut-il encore leur donner la parole alors qu'ils l'ont tant monopolisée ? Oui, car les hommes aussi ont besoin de se découvrir pluriels et faillibles, libérés du rôle de « l'homme » figé pour l'éternité. Pour développer le dialogue contemporain au sujet des textes bibliques, c'est en tandem - un homme et une femme, de traditions catholique et protestantes - que les auteurs ont exploré les diversités des masculinités dans la Bible, débordant bien des stéréotypes du genre masculin. Ces dialogues en duo (et un trio) lèvent le voile sur les fragilités des douze apôtres pourtant modèles de l'Église chrétienne, l'apôtre Paul mère des croyants, Job pourtant père, mari et croyant idéal détruit, Samson perdu par sa virilité, David plus hésitant que royal, bien des paternités délicates, des maris chargés non de dominer mais d'aimer, des dirigeants dont la bonne moralité ne suffit pas... Le regard de ces spécialistes en sciences bibliques et en théologie, sur ce que les textes disent vraiment, montre que le masculin fut une quête délicate, et qu'il ne peut être un bastion à défendre.
Dans cet ouvrage élevé au rang de « classique » par l'English Historical Review, McLeod revisite la crise religieuse des années 1960 dans une perspective européenne et nord-américaine. Son usage des sources orales rend son travail très original et la perspective comparatiste qu'il adopte est assez rare pour être soulignée.
Le texte a pour particularité de situer les questions religieuses dans un contexte véritablement international, contribuant ainsi à une histoire internationale de la spiritualité et de la sécularisation, autour de la notion de «déclin» de la chrétienté (revisitée), de la montée de la société de consommation dans les années 1960, de l'année 1968, et des questions de sexualité et de genre.
L'ouvrage explore ainsi les interrogations de la décennie des « sixties » pour nous aider à mieux saisir les questions religieuses et spirituelles qui agitent nos sociétés contemporaines..
Dans cet ouvrage d'abord présenté comme thèse de doctorat en 1927, à l'âge de 21 ans seulement, Dietrich Bonhoeffer propose une réflexion théologique sur l'Église comme « communauté » (Gemeinde), comme groupe social convoqué par la parole de Dieu.
En dialogue fécond et critique avec divers travaux sociologiques de son temps (notamment Ernst Troeltsch), Bonhoeffer refonde la notion de «personne» afin de dépasser une conception abstraite de l'histoire et de la réalité concrète: le «je» individuel ou collectif est toujours confronté à un «tu» qui le sollicite et qui le constitue. Là où le protestantisme conçoit parfois la communauté ecclésiale comme facultative, Bonhoeffer présente cette dernière comme «le Christ existant comme communauté», comme lieu par excellence de la présence du Christ et de l'Esprit dans le monde. Karl Barth parlait à juste titre de cet ouvrage comme d'une « surprise théologique » (theologische Uberraschung), tant la maturité de l'auteur saute aux yeux. Bonhoeffer s'est appuyé sa vie durant sur les intuitions qu'il articulait dans cette première monographie.
Quelle voix donner à la douleur? Quelle voix donner à cet invisible qui met le corps au supplice, qui transforme les nuits et les jours en un brasier immense, consumant toute force, toute envie? Du cri jusqu'au murmure, dans l'urgence d'une respiration nouvelle, l'auteur lui donne ici une voix dont l'écho fait battre le coeur: celle de l'espoir.
Dans ce beau texte sous forme d'adresse à sa belle-fille, Antoine Nouis propose de dévoiler les spécificités de la foi protestante, et ce qui la différencie du catholicisme. Il retrace à la fois les principes, l'implantation puis l'histoire du protestantisme en France et son importance, souvent méconnue. Il montre également l'actualité et la pertinence de la foi protestante, ses points de convergence et parfois de divergence avec la foi catholique, et comment les deux traditions peuvent se nourrir l'une de l'autre.
Après le succès du livre Lettre à mon gendre agnostique pour lui expliquer la foi chrétienne, Antoine Nouis propose un texte clair et brillant, qui donne un éclairage inédit sur le protestantisme contemporain.
Former des acteurs religieux, la question est au coeur de l'actualité sociale et mobilise le politique, sur fond d'interrogations brûlantes qui touchent à la présence des religions dans la vie sociale. Entre radicalisations, à bien cerner, et reconnaissance, dont penser les conditions et la visée.
L'ouvrage présente quatre expériences, françaises et suisses, de formation d'acteurs religieux à l'aune de la société civile. En question sous-jacente: former, ici, est-ce d'abord donner accès aux valeurs républicaines? Ou faut-il aussi entrer sur le terrain des religions et de leurs traditions? L'ouvrage valide la seconde option. C'est qu'il convient de ne pas laisser les religions intouchées ni de penser qu'elles se déploient à part du social. On ouvrirait, au mieux, sur de la juxtaposition communautariste.
L'ouvrage porte aussi un regard sur le terrain du travail social, donne la parole à un acteur à a fois imam et psychologue, présente et discute des dispositifs étatiques de prévention des radicalités, suit des procès de jihadistes et réfléchit à la métaphore comme opération de décalage à l'encontre du fanatisme.
Alors que, dans nos sociétés occidentales, la pratique religieuse traditionnelle s'effondre, la spiritualité, quant à elle, jouit d'une faveur toujours plus grande. Mais qu'est-ce que la spiritualité? Comment situer celle se réclamant du christianisme dans ce qui est devenu une véritable nébuleuse? En se mettant sur les traces de Jésus et en explorant la mémoire culturelle des premiers témoins, on tentera de dégager quelques traits essentiels de leur vie spirituelle. On découvrira alors que la spiritualité chrétienne est une spiritualité de la relation où la reconnaissance, le bonheur, la justice, la liberté, la foi et la prière jouent un rôle primordial. Mais c'est également une spiritualité qui construit un rapport au monde, à la nature, au temps, à la mort tout à fait original et souvent occulté dans la longue histoire de l'Église.
Ce livre est né d'un étonnement surgi à la lecture d'un magnifique sermon de Maître Eckhart (l'un des prestigieux représentants de la mystique rhénane, XIIIe-XIVe siècle), qui offre pour l'époque une lecture totalement inédite du rapport entre l'action et la contemplation. La question vaut toujours, à l'heure où de multiples voies s'offrent à nous, cherchant à réconcilier spiritualité et militantisme. Méditant le célèbre épisode relaté dans l'évangile de Luc où les soeurs Marthe et Marie accueillent Jésus chez elles, le théologien rhénan suggère que c'est Marthe, la très entreprenante, qui enseigne à Marie, perdue dans son assise, la vérité du chemin spirituel.
Dans cette relecture admirative du grand mystique rhénan, Francine Carrillo souligne toute l'actualité de ces pages et relève qu'en nous ouvrant à la liberté d'être « avec le souci, non dans le souci », les deux soeurs nous convient en définitive à cultiver la fécondité de ce que François Cassingena-Trévedy rassemble sous une appellation inédite : la « contempl-action » !
L'héritage du judaïsme a été revendiqué dans l'histoire par les traditions juives et chrétiennes. Cette lutte d'héritage a généré une longue histoire conflictuelle. La modernité ne fait pas exception. Une page d'histoire, en particulier, en témoigne : l'approche du judaïsme ancien dans l'Allemagne des XIXe et XXe siècles. Cette période a vu s'affronter deux courants antagonistes, revendiquant chacun une étude historique du judaïsme: l'école de l'histoire des religions (la Religionsgeschichtliche Schule), un cercle de théologiens protestants diplômés de l'Université de Gttingen, et la Wissenschaft des Judentums emmenée par Leopold Zunz et Heinrich Graetz.
Offrant un récit croisé de cette controverse, le présent volume en présente les principaux acteurs ainsi que certains savoirs produits. En même temps, les enjeux soulevés par la science historique, dans l'étude du judaïsme notamment, sont posés et ses conditions d'exercice interrogées dans une perspective contemporaine.